© Emile Ouroumov 2024
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Theatre of Operations [Théâtre des opérations]. Phase I: Reconnaissance
Théâtre de l'Usine, Geneva, Switzerland | Genève, Suisse
22–24.01.2015
Curators | Commissaires: Emile Ouroumov & Bénédicte le Pimpec, in collaboration with | en collaboration avec Céline Bertin
[Photo documentation | Documentation photo]
[Project website | Lien vers le projet]
[Interview with | Entretien avec "A bras le corps"]
[Article, "Le Temps"]
William Anastasi
Jesse Ash
Pierre Bal-Blanc
Nina Beier & Marie Lund
Julien Bismuth
Jens Haaning
Florence Jung
David Lamelas
Quentin Lannes
Émilie Parendeau
Aurélie Pétrel & Vincent Roumagnac
Sébastien Rémy
Remco Torenbosch
Goran Trbuljak
Franz Erhard Walther
EN
In science and engineering, a black box is a device, system or object which can be viewed in terms of its input and output without any knowledge of its internal workings. Its implementation is "opaque" (black). Almost anything might be referred to as a black box: a transistor, an algorithm, or the human brain.
The opposite of a black box is a system where the inner components or logic are available for inspection, which is most commonly referred to as a white box.
Source: Wikipedia
A “theatre of operations” is a delimited geographical zone in which an armed conflict involving at least two adversaries is taking place. The related term “operating theatre” also describes the historical practice of surgery performed as a public spectacle.
This project incorporates “operations”—artistic gestures of addition, subtraction, multiplication and differentiation—in the present, and not in an immutable conception of time. Over a three-day period, these operations are being deployed in the form of an exhibition punctuated by activations, inside and outside the “black box”, in an ongoing flow, and with parallel temporalities. The objects, films, readings, interventions and exhibitions arrange their own mediation tools within the theatrical model. Coming from the vocabulary of art, by way of a productive tension they negotiate the hierarchy of the elements of the theatrical edifice, over-exposing to better deconstruct the conflict between actor and spectator, and bringing forth common areas of sensibility between live spectacle and visual art.
The interactions of the theatre with the other arts and the social space roundabout can be traced back to Antiquity. But prior to recent attempts at deconstruction, the idea whereby the theatre was the loftiest expression of any society encouraged the application of the notion of “total artwork”, a construct envisaging the arts participating in a pyramidal and compartmentalized way. This development is akin to capitalist accumulation: in the depths of the Middle Ages, perhaps earlier, with the decline of Rome and Judaeo-Christianity, Western society chose to accumulate rather than live. At the outset, the political nature of the stage space was more an emanation of the state apparatus—undoubtedly, there is a politics of space because space is political—rather than a liberating implementation of the idea that it is by means of the body that space is perceived, lived—and produced (Henri Lefebvre).
In a chronology that is subjective and incomplete, the imagination of the “Theatre of Operations” retains some dates. 1924, the ballet Relâche by Francis Picabia, Eric Satie and René Clair, at once transversal and undisciplined. 1970, Yvonne Rainer’s WAR, a dance against the Vietnam war in which the movements are led by the vocabulary of military strategy. 1982, Fitzcarraldo, “conquistador of the useless” from Werner Herzog’s film of the same title, de-territorializes opera machinery in a boat in Amazonia. 2006, the pioneering exhibition The Living Currency by Pierre Bal-Blanc positions the issue of the body back at the centre of the curatorial economy. 2007, Il Tempo del Postino (Hans Ulrich Obrist and Philippe Parreno) attempts a spectacular transposition of artistic codes in the opera. 2012, with her Artificial Hells, Claire Bishop proposes a critical reading of “participatory art and the politics of spectatorship”.
Informed by these endeavours, the “Theatre of Operations” pursues an investigation of the place of the spectacle. Guy Debord’s Nouveau Théâtre des opérations dans la culture puts forward the notion that the dissolution of old ideas goes hand in hand with the dissolution of old conditions of existence. Rather than seeing the theatre as the place of a spatial, temporal and corporal capitalization, the exhibition’s intent is to compose a theatre that is inhabited, active, plastic and empirical, at opposite ends of the psychological notion of “learned helplessness”, a behaviour in which the subject perceives absence of control over the events in his environment, and subsequently adopts a resigned or passive attitude.
FR
Dans la science et l’ingénierie, une boîte noire est un système ou objet qui peut être appréhendé uniquement sous l'angle de ses interactions d’entrée ou sortie, sans connaître son fonctionnement interne. Sa mise en œuvre est « opaque » (noire). Tout peut être représenté sous forme d'une boîte noire : un transistor, un algorithme ou le cerveau humain.
Le contraire d'une boîte noire, dit boîte blanche, est un système dont les mécanismes sont visibles et permettent d'en comprendre le fonctionnement.
Source : Wikipédia
Le « théâtre des opérations » est une zone géographique délimitée où se déroule un conflit armé impliquant au moins deux adversaires. Le terme pointe aussi la pratique historique de la chirurgie performée en tant que spectacle public.
Ce projet inscrit les « opérations », gestes artistiques de l’addition, soustraction, multiplication ou différenciation, dans le présent et non dans un temps immuable. Pendant trois jours, ces opérations sont déployées sous la forme d’une exposition ponctuée par des activations, à l’intérieur ou à l’extérieur de la « black box », en flux continu et avec des temporalités parallèles. Les objets, films, lectures, interventions et expositions agencent leurs propres outils de médiation au sein du modèle théâtral. Issus du vocabulaire de l’art, ils négocient par une tension productive la hiérarchie des éléments de l’édifice théâtral, surexposant pour mieux déconstruire le conflit entre acteur et spectateur, faisant émerger des zones de sensibilité communes entre spectacle vivant et art plastique.
Les interactions du théâtre avec les autres arts et l’espace social environnant peuvent être retracées dès l’Antiquité. Toutefois, avant les tentatives récentes de déconstruction, l’idée selon laquelle le théâtre était l’expression la plus haute de toute société a pu favoriser l’implémentation de la notion d’« œuvre d’art totale », construction envisageant les arts participants de manière pyramidale et cloisonnée. Ce développement se rapproche de l’accumulation capitaliste : dans les profondeurs médiévales, peut-être auparavant avec le déclin de Rome et le judéo-christianisme, la société occidentale a choisi d’accumuler au lieu de vivre. Le caractère politique de l’espace scénique était à l’origine davantage une émanation de l’appareil étatique – assurément, il y a une politique de l’espace parce que l’espace est politique – plutôt qu’une mise en pratique libératrice de l’idée que c’est à partir du corps que se perçoit et que se vit l’espace, et qu’il se produit (Henri Lefebvre).
En une chronologie lacunaire et subjective, l’imaginaire du « Théâtre des opérations » retient quelques dates. 1924, le ballet Relâche de Francis Picabia, Erik Satie et René Clair, transversal et indisciplinaire. 1970, WAR d’Yvonne Rainer, une chorégraphie contre la Guerre du Vietnam où les mouvements sont conduits par le vocabulaire de la stratégie militaire. 1982, Fitzcarraldo, « conquistador de l'inutile » du film éponyme de Werner Herzog, déterritorialise la machinerie de l’opéra sur un bateau en Amazonie. 2006, l’exposition pionnière La Monnaie Vivante de Pierre Bal-Blanc replace la question du corps au centre de l’économie curatoriale. 2007, Il Tempo del Postino (Hans Ulrich Obrist et Philippe Parreno) tente une transposition spectaculaire des codes artistiques à l’opéra. 2012, Claire Bishop propose avec Artificial Hells une lecture critique de l’« art participatif et des politiques du spectateur ».
Informé par ces entreprises, le « Théâtre des opérations » poursuit une investigation du lieu du spectacle. Le Nouveau Théâtre des opérations dans la culture de Guy Debord avance que la dissolution des idées anciennes va de pair avec la dissolution des anciennes conditions d’existence. Plutôt que d’envisager le théâtre comme le lieu d’une capitalisation foncière, temporelle et corporelle, l’exposition entend composer un théâtre habité, actif, plastique et empirique, aux antipodes de la notion d’« impuissance apprise », état psychologique dans lequel le sujet fait l'expérience de son absence de contrôle sur les événements survenant dans son environnement, favorisant l'adoption d'une attitude résignée ou passive.